Rencontre Avec des Honnêtes Gens Extraordinaire … Pourquoi ?

Nous sommes en plein confinement et je vois apparaître çà et là dans les médias, des slogans racoleurs où des coach en développement personnel ou dans l’entrepreneuriat sur le web nous invitent à profiter de la crise pour « tout déchirer », profiter du confinement pour entreprendre et du climat incertain pour réussir.  Les clés de la réussite dans et avec la crise !

N’y a-t-il rien de nouveau à proposer pour qu’il faille recycler les anciennes méthodes qui ont conduit le monde actuel à sa perte ou tout au moins à un alarmant tarissement de ses forces vives ?

N’est-il pas temps de proposer des modèles de réussite dont le pilier serait un déploiement de capacités, d’énergies, qui simultanément permettraient à d’autres d’être inspirés et de proposer, à leur tour, ce qu’ils font de mieux, en respectant le système dans lequel on évolue, et au-delà, par une vision et une conscience élargie du champ de nos existences, de l’articuler harmonieusement dans une systémique plus vaste, plutôt qu’en proposant d’utiliser à nouveau la tête de l’autre comme un marchepied et une vache à lait ?

Utopiste ?

Pas vraiment, au pied du mur comme nous tous d’une société exsangue qui dépouille l’humanité de la dimension sacrée et puissante qu’elle n’aurait jamais dû perdre et qui doit, d’urgence, être repensée, réinventée.

La faculté de saisir sa chance et de grimper dans le train de la providence au moment précis où il s’arrête en gare est une réelle capacité mais quel est le point crucial qui transforme cette capacité en un mécanisme douteux qui doit être regardé en face, conscientisé ?

Le point crucial tient en un mot, un seul, un des plus beaux de la langue française : La vulnérabilité.

Du latin vulnerare : blesser, endommager.

La vulnérabilité est la caractéristique de ce qui est vulnérable, fragile, précaire, de ce qui peut être attaqué, blessé endommagé.

Pour certains il y a matière à faire du gain, et vu par ce prisme, le sujet vulnérable devient un objet et en cela l’opportunisme rejoint l’abus de pouvoir.

Ce n’est pas rien… De par la précarité de ta situation psychologique, émotionnelle ou physique, j’ai un ascendant sur toi et je vais en profiter pour soutirer de toi ce qui m’intéresse, que ce soit ton argent, ta dévotion à mon égard, des faveurs en tout genre et bien d’autres choses encore.

L’être humain étant capable du meilleur, du pire et du moyen, l’opportunisme peut prendre beaucoup de visages, qui passeront plus ou moins inaperçus, mais la jauge essentielle qui déterminera si une interaction, quelle qu’elle soit, est saine entre deux individus ou deux collectivités, est quand même celle-ci : dans ce qui se joue entre nous, traite-t-on d’égal à égal ?

Et si non, le fait que nous ne traitions pas d’égal à égal est-il la raison pour laquelle tu vas me donner quelque chose que je veux soutirer de toi ?

La vulnérabilité ressemble à l’enfance, dans sa fragilité, sa dépendance.

L’opportunisme ordinaire existe et se manifeste de bien des façons, pour autant il ne doit pas être banalisé, accepté comme une norme, il est important qu’il soit vu, reconnu comme tel, nommé.

Il s’agit d’une vigilance intellectuelle garante de règles sociétales morales acceptables.

Ce n’est pas parce qu’un fonctionnement est partagé par le plus grand nombre qu’il est juste.

Ce printemps particulier voit éclore des « gourous coachs », qui en période de crise sanitaire osent proposer des formations hors de prix après des séances gratuites, une solution magique et miraculeuse que des personnes pétries d’angoisse achèteront sans discernement, car au cœur même de la peur, il n’y a plus d’espace pour penser, pour mettre en perspective ce qui est proposé.

Et c’est même avec soulagement et gratitude que les codes des cartes de crédit seront envoyées au messie.
Est-ce le moment de vendre des réponses toutes faites, quand il n’y a plus, en face, de réelle capacité de questionnement ?

N’y a-t-il pas dans cette démarche quelque chose d’un peu indécent ?

Impossible de ne pas placer à cet endroit précis cette phrase devenue culte : quand la mer se retire, on voit qui porte un maillot !

Le maillot étant ici utilisé comme le symbole fort d’une réelle intégrité à une échelle de valeurs justes, grandes et humanistes.

En cela, la crise du coronavirus aura révélé dans le monde du coaching et ailleurs les motivations prioritaires de beaucoup de monde …

De quoi es-tu un chasseur invétéré ? D’argent ? De notoriété ? De savoir ? De liens ? D’étoiles ? D’authenticité ?

A l’heure où les opportunistes boivent les verres à moitié vides et à moitié pleins, il est beau et bon de constater que beaucoup, toutes classes sociales confondues, ont choisi d’offrir aux autres leurs plus grands crus, pour le plaisir de donner, de partager, de porter un toast à l’humanité et de déposer un baiser, protecteur et tendre, sur le front inquiet et tourmenté de la vulnérabilité.

Aujourd’hui j’ai envie de mettre à l’honneur ces personnes qui ont choisi de donner pour donner, pour la beauté du geste, leur temps, un talent, une idée, sans chercher à en retirer la moindre gloire ou le moindre profit opportuniste, ces personnes qui par leur créativité, leur singularité ont offert au coin d’une rue et par extension au monde entier une belle leçon d‘humilité, d’élégance et d’humanité, …